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Cameroun – Ascension du Mont Cameroun – 4095m

Depuis Douala, prendre la direction de l’ouest par la N5, par Bonabéri, puis la direction de Limbe au carrefour N3/N5. A 18 km de Limbe, prendre à droite la direction de Buea. (carte).

cameroun, vue générale de Buea
Carnets de voyage Cameroun - Ascension du Mont Cameroun

Buea : ville étape (environ 17000 hab), point de départ pour toutes les randonnées vers le mont Cameroun.

L’agglomération autour de Buea compte 85 petits villages pour une population d’environ 100.000 hab dont l’ethnie dominante est les Bakweris. Ceux ci vivent en harmonie autour de la montagne Fako depuis près de 4000 ans.

En Savoir+ sur l’histoire des bakweris

La particularité de ce peuple, est de pratiquer l’autogestion, en effet il n’existe pas de mot pour désigner le chef dans le dialecte Bakweri. La coutume veut que ce soit l’ainé de la famille qui prenne les décisions et qui tranche dans le cas de conflit.

Buea, l’animation dans la ville, le marché Aujourd’hui, la ville est un rassemblement de plusieurs cultures du Cameroun (Bamilekes, Doualas, Bametta, Banso, Bassa, Ewondos) qui cohabitent avec les Bakweris, mais également avec beaucoup de Nigerians qui sont venus s’installer.

Les Allemands ont tout d’abord occupés toute la région (1884-1915), avant d’être chassés par les Anglais (1915-1920), qui firent de Buea la capitale du Cameroun Britannique.

cameroun : en arrivant par Tole les plantations de thé (copyright : www.umiteasets.com)

carnets de voyage cameroun - copyright : www.umiteasets.com

Tole :

Si vous arrivez à Buea par le village de Tole, vous traverserez de grandes plantations de thés. Le sol volcanique de la région le rend approprié pour cultiver une grande variété de récoltes (tomates, maïs, plantains, bananes, thé, tubercules comme des ignames de chine, pommes de terre, cocoayams..). l’économie de Buea dépend en grande partie de cette richesse du sol, car la plus part des produits sont exportés vers les villes de Douala et autres grands marchés de la région.

Le mont Cameroun, 4095m

cameroun-mont-cameroun-2

Mont Cameroun : La première chose que vous voyez lorsque vous arrivez par avion, avant d’ atterrir à Douala, c’est ce massif volcanique couronné par le pic Fako culminant à 4095m. Et c’est lors de mon premier voyage, que j’ai su que je ferais tout pour y grimper….

Nous connaissons l’existence de cette montagne à partir d’un texte écrit par un général carthaginois (Hannon, en -450 av.JC). Ce dernier parlait « d’une terre odoriférante et embrasée, d’où sortaient les torrents de feu qui se précipitaient dans la mer…c’était une haute montagne nommée « Char des Dieux ».  Nous ne connaissons pas d’autres références historiques, à part celles relatant les nombreuses éruptions volcaniques (voir bibliographie sur le sujet). La dernière datant de 2000 avec la grande coulée sur le flanc ouest, à 5 heures de marche de Buea.

L’ascension du mont Cameroun :

cameroun-mont-cameroun-3

Cette ascension, comme toute randonnée en montagne, nécessite une bonne préparation physique, morale et matérielle. En effet, vous aurez à faire face à une différence de température extrême, entre le point de départ au Mountain Blue (environ 850m d’altitude, avec une chaleur tempérée), la traversée de la forêt tropicale, avec une pluviométrie de l’ordre de 15000 mm/an !!, et le sommet, où la température est proche de 0° avec des vents forts et un brouillard très dense.

Tout d’abord, présentation de l’équipe (guide et porteur), une obligation locale et un réel plaisir par la suite. C’est à l’hôtel Blue Mountain que vous devrez régler les formalités (le coût moyen pour la randonnée, guide, porteur, couchage, taxe pour 2 personnes, comptez environ 100 Euros). Prévoir de vous restaurer sur place avant de partir.

Dès le départ, vous comprenez que la présence du guide est indispensable, car il n’y a pratiquement aucune indication. La pente jusque vers 1200m, est presque agréable. Vous traversez une zone de culture et d’habitations.

Puis, entre 1200m et 1800m, montée dans la forêt tropicale, avec une pente qui s’est accentuée. Quelques cultures (ignames, maïs) parsemées dans de rares clairières. La forêt abrite de nombreuses espèces animales (oiseaux) et végétales (fougères géantes). Il pleut 365 jours par an, et le guide nous confectionne un parapluie avec des feuilles géantes. C’est un moment très fort de solidarité.

type de végétation tropicale entre 1200 et 1800m sur les pentes du Mont Cameroun…

cameroun-mont-cameroun-foret

Vous atteignez le premier refuge, à 1830m, en 2h, mais ce n’est pas pour vous (si vous avez décidez de faire l’ascension en deux journées).

De 2000m à 2800m, vous traversez une zones de falaises, et la pente du volcan est supérieure à 50%… La forêt est loin derrière.

ascension mont cameroun, refuge à 2800m

cameroun-mont-cameroun-8

 

Enfin, après 1700m de dénivelé, à travers un dédale de chemins à travers des , vous arrivez au second refuge (2780m) en 4h30 environ.

L’endroit est rudimentaire, baraque en tôles, un bâti en bois, pas d’eau, pas d’électricité bien sûr et des souris qui n’attendent que les touristes.

Petit conseil, ramassez des gerbes de grandes herbes pour vous faire un matelas, le bas flanc est très dur… Soirée détente exceptionnelle avec les guides (deux d’entre eux ont fait 2 fois l’ascension jusqu’au refuge, pour monter les repas, pendant que nous arrivions péniblement en vue des baraquements…

ascension du mont cameroun, un des tunnels de lave, vers 3000 m d’altitude

cameroun-mont-cameroun-1

Le départ, pour le dernier tronçon, est en général fixé assez tôt. La pente est importante (10 à 15°), et la prairie disparaît peu à peu pour faire place, vers 3800m ,à une végétation de mousse et de lichens. Le spectacle est désolé et lunaire, car vous grimpez de véritables marches taillées dans les scories.

Il existe quelques tunnels de lave, habité par les chauve-souris et les esprits de la montagne …

la pente est longue ! Vous passez le troisième refuge (à 3950m) en 3h environ avant d’atteindre le sommet (4095m) près d’une heure après, car cette dernière partie est éprouvante, les scories étant fines, vous aurez l’impression de redescendre à chaque pas, 1m de montée et 80 cm de glissades en arrière..

Ne soyez pas découragé car le sommet est formé de plusieurs collines, toutes aussi semblables…. Un piquet signale le sommet…

ascension du mont cameroun, le sommet à 4090m, dans le brouillard

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Ne pas s’attendre à voir un spectacle magnifique, car il bruine pratiquement 360j sur 365, et il fait froid (prévoir une paire de gants chauds). Ne pas oubliez de vous inscrire dans le petit cahier prévu à cet effet dans une boîte métallique, au pied du pylône.

C’est une magnifique aventure, pas de difficulté majeure, mais surtout de l’endurance car les conditions climatiques sont extrêmes…

Vous n’avez plus qu’à prendre le chemin du retour pour une longue, très longue descente jusqu’à l’hôtel (3000m de dénivelé , compter 4h).

A visiter / à faire à Buea :

Buea, le palais Von Puttkamer, gouverneur de la province Vous pouvez y visiter le palais allemand de Von Puttkamer qui a inspiré celui du sultan de Foumban. (voir cf histoire des bakweris)

buea, le marché

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Un des points touristiques de Buea, en dehors de l’ascension, ce sont les nombreux marchés en plein air, celui de Muea, le plus structuré, et ceux de Buea et Soppo.  L’Université de Buéa regroupe 7 Facultés et 2 Grandes Ecoles.

A prévoir avec une journée de plus,

Parc National de Korup, BP 303 Buéa
WWF Cameroun, BP. 2417, Douala, Tél/Fax : (237) 343.21.71

quelques distances vers les villes principales autour de Buea :

Mamfe – Buea : 256Km en direction de la frontière du Nigéria ou rejoindre Bamenda
Kumba – Buea : 75Km avec un marché couvert surprenant !
Mundeba – Buea : 184Km et le parc national de Korup
Douala – Buea : 69Km

Autres sites indispensables pour Buea :

la météo à Buea
Site ambassade sur le mont cameroun

Hébergement :
prévoir de vous loger sur Limbe afin d’enchaîner avec une étape de repos sur Limbe et miles 24 .

Histoire du peuple Bakweris

Resistance armée des bakweris au colonialisme allemand – 1891-1894

Contrairement à la croyance très répandue qui laisse sous entendre que les Bakweris n’ont pas résisté à la spoliation de leurs terres par les Allemands, ils ont en fait organisé une campagne anti-Allemande efficace et ont infligé une défaite humiliante aux Allemands, à Buea en 1891. Ce fut la première perte militaire allemande sur le continent africain. Ce qui a conduit à une réestimation complète de la politique allemande de colonisation militaire au Cameroun, et, malheureusement, a entraîné une sanglante répression afin d’anéantir les Bakweris. Seule une poignée d’hommes a survécu pour raconter l’histoire.

L’histoire de la résistance militaire des Bakweris contre les Allemands est également l’histoire incroyable du chef KUVA LIKENYE de Buea. La défaite épique des forces Allemandes menées en 1891 demeure l’un des chapitres le plus glorieux (mais aussi le plus méconnu) dans l’histoire camerounaise.

La première guerre Bakweri-allemande de 1891

La guerre de 1891 a ses origines dans le désir du gouvernement colonial allemand d’occuper le secteur autour du Mont Cameroun, un secteur stratégique par la richesse du sol. Une des justification à cette guerre était d’écraser Kuva Likenye, le chef de montagne, qui était considéré comme le chef de la résistance et qui avait incité un soulèvement parmi les tribus de Bakweris.

En novembre  1891 une force expéditionnaire allemande, menée par le commandant Karl Freiher Gravenreuth (qui venait de réprimer un soulèvement des habitants d’Abo (Douala) au début de cette même année), est envoyée pour combattre les poches de résistances et pour faire une démonstration de force vis à vis des populations. Le contingent allemand a également inclus les soldats du Dahomey, du Togo et de la Sierra Leone qui avaient débarqués quelques jours plus tôt au port de Victoria (Limbe).

Quand Kuva Likenye s’est rendu compte de l’attaque imminente des forces allemandes, il a disposé ses hommes (environ 400, tous des paysans locaux). Un accrochage mémorable eu lieu au ravin de Namonge (maintenant enjambé par le pont entre le rond point de station de Buea et l’hôtel Mountain Blue).

Malgré les forces allemandes supérieures, les hommes de Kuva Likenye ont tenu leur terre, et stoppé net l’avance allemande dans Buea. Le commandant allemand, Karl Freiher Granvenreuth, fut tué immédiatement. Le corps expéditionnaire a paniqué et s’est sauvé à travers la montagne jusqu’à Victoria, avec les Bakweris à leur poursuite.

Pendant les trois années à venir, les Bakweris ont tenu les Allemands en échec, les empêchant de s’implanter sérieusement dans la région. Cette défaite eut des répercussions importantes pour la suite de la colonisation Allemande, en effet les troupes auraient du s’implanter plus loin dans l’intérieur du pays, afin de contrecarrer les mouvements Français.

En mars 1894, l’Allemagne signe un accord, avec la France, qui fixe la frontière orientale du Cameroun bien plus étroitement que prévu.

Grâce à leur victoire sur les forces impérialistes Allemandes, les Bakweris ont, avec succès, ralenti l’avance des Allemands dans l’intérieur du pays camerounais.

1894 : la vengeance de la machine militaire allemande

Les Allemands n’ont jamais oublié cette défaite, ils mettent en place une politique d’usure, visant à isoler le chef Kuva Likenye. En décembre 1894, une force coloniale allemande, nouvellement constituée, mieux préparée et fortement armée, lance une attaque sur Buea. Le chef Bakweri, Kuva s’est rendu compte que la résistance devenait inutile et pour éviter un carnage est parti en exil au village de Wonya Mokumba et y meurt rapidement.

Cette deuxième expédition allemande marque le commencement de l’élimination systématique des Bakweris, dans le but de saisir leurs terres et de les enfermer dans de prétendues réserves indigènes.

le traité Bakweri-allemand de paix de 1895

En avril 1895, un Traité de paix brutal a été imposé aux Bakweris, signé par Chef Endeley , frère du défunt Kuva. Les habitants étaient dépossédés de leur ancien territoire autour de la ville de Buea, et ont du payer des indemnités de guerre en bétail, en terre et en hommes . Ces derniers seront contraints plus tard à construire le palais du gouverneur de Buea, le palais de Von Puttkamer que l’on visite encore aujourd’hui.